Pour rappel, l'Argenté Belge et l'Argenté de Champagne sont à l'origine une même race.
Éléments bibliographiques concernant le lapin argenté
La mention écrite la plus ancienne à laquelle on puisse, semble-t-il, se référer est de l'Anglaise Gervaise MARKHAM, en 1631:
« Les peaux que l'on estime le plus sont celles qui ont un mélange égal de poils noirs et de poils blancs, le noir plutôt dominant... Leurs peaux valent deux shillings quand celles des autres ne valent que deux ou trois pences ».
Dans la célèbre ENCYCLOPÉDIE DES SCIENCES, parue en 1809, l'Abbé ROZIER cite les quatre ou cinq races de lapins connues et répertoriées à cette époque et, parmi elles, le LAPIN RICHE.
Bonington MOWBRAY, en 1822, signale une présence nombreuse de lapins argentés (silver-tipped) dans le LINCOLNSHIRE et dans les environs de LONDRES.
En 1854, MARIOT-DIDIEUX cite le LAPIN RICHE parmi les quatre variétés de la « race cuniculine » (sic) : « ... d'un gris argenté plus ou moins foncé... Les gris les plus clairs sont les plus estimés des pelletiers. Ceux-ci font avec leurs peaux des fourrures et, surtout des manchons qui sont recherchés. Ils sont souvent vendus sous le titre de petit gris... Leur chair est bonne et leur peau vaut de 1,5 à 2 francs la pièce ».
BREHM, en 1868, pense, avec d'autres auteurs de l'époque, que l'Argenté est une forme accidentelle d'un lapin de garenne vivant dans de lointaines contrées sises sur les versants nord et sud de l'Himalaya, d'où il aurait gagné l'ouest de l'Europe via la Russie, la Pologne et l'Allemagne.
La même année (1868), dans son magistral « Variation des Animaux et des Plantes », DARWIN insiste sur le texte précédemment cité de Gervaise MARKHAM pour en tirer la conclusion qu'on élevait déjà des lapins argentés à cette époque (donc au 17° siècle) et qu'on s'occupait de leur sélection à des fins lucratives. Il en profite également pour donner des précisions d'ordre technique sur l'argenture et, notamment, sur son évolution avec l'âge du sujet.
RAYSON en 1872 et KNIGHT en 1881 donnent des précisions sur les diverses nuances de l'argenture et RAYSON affirme que les lapins CREME ARGENTE sont d'origine française : environs de PARIS et jardin d'Acclimatation.
Tous les auteurs semblent, en général, faire l'éloge du lapin argenté. Eugène MESLAY, en particulier, dans « Les Races de Lapins », paru en 1900, s'attarde longuement sur sa description, avec de nombreuses références bibliographiques et des précisions techniques remarquables sur l'argenture et ses différentes nuances. En revanche, il ne semble pas tenir en considération l'ARGENTE DE CHAMPAGNE dont il critique les nombreuses défectuosités dans les tonalités de l'époque.
Arrivé à ce stade sur les citations d'auteurs du 19° siècle, on peut constater que nous n'avons parlé, en somme, que d'un modèle pigmentaire de coloration, l'Argenté, et non encore de types raciaux, sur lesquels on peut déjà dire que l'on s'est orienté, en Angleterre, vers un type sportif avec l'ARGENTE ANGLAIS et ses différents nuances et, en France, vers un type d'utilité avec, l'ARGENTE DE CHAMPAGNE.
Proposition de définition de l'argenture
Mais il faut, tout d'abord, donner la définition de ce qu'est l'Argenture et le mieux est de se référer à la thèse de doctorat de Jacques ARNOLD, soutenue à PARIS en 1986 et portant sur « Les Modèles de Coloration du Lapin » : « La caractéristique de tous les lapins argentés est de présenter dans leur pelage un nombre plus ou moins grand de poils dont la pointe est très largement dépigmentée, c'est-à-dire blanche. La condition argentée (silvering des anglo-saxons) ne s’exprime pas dans le jeune âge où les lapereaux sont normalement colorés. Elle apparaît tardivement au bout de quelques mois pour revêtir progressivement le pelage des lapins... La dépigmentation de la partie supérieure et intermédiaire d'un nombre plus ou moins grand de poils, parsemés régulièrement dans le pelage aux côtés de poils entièrement colorés, provoque une disposition de coloration alternée qui peut se manifester dans toutes les couleurs fondamentales connues. Selon la sélection poursuivie, tous les degrés d'argenture peuvent s'exprimer sur un pelage coloré, les termes extrêmes de ce phénomène d'argenture allant d'un lapin normalement pigmenté et possédant quelques pointes blanches dispersées plus ou moins régulièrement jusqu'au pelage tellement garni de poils argentés que l 'ensemble éclairci le fait paraître blanchâtre ».
Source : http://myspace.voo.be/saisinoise/argente-belge-origine.html