L'Argenté de champagne est une race de lapin domestique reconnaissable à ses poils noirs et blancs qui lui donnent un aspect métallique argenté. Cette teinte apparaît vers l'âge de trois mois.
Cette race très ancienne doit en grande partie son essor au coloris particulier de sa robe, qui en a fait un lapin très recherché par les tanneries. C'est ainsi qu'elle se développe autour de la ville de Troyes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle afin d'approvisionner le marché de la fourrure.
Aujourd'hui, ce marché n'est plus lucratif, et la race s'est reconvertie dans la production de viande. Peu adaptée aux méthodes d'élevage intensives modernes, elle a vu ses effectifs fortement diminuer, avant de se stabiliser ces dernières années. On compte aujourd'hui environ 3 000 lapins en France, ainsi que des cheptels de bonne taille en Suisse, en Belgique et en Allemagne, et bien que la race fasse aujourd'hui l'objet d'un programme de conservation, elle ne semble pas en danger à court terme.
L'argenté de Champagne a des origines très anciennes. En effet, l'existence de lapins au pelage argenté est mentionnée dès le XVIIe siècle. On associe souvent cette argenture avec le lapin riche, race très ancienne qui semble être à l'origine de l'argenté de Champagne. La sélection de ce lapin a en effet vraisemblablement conduit à la création de l'argenté anglais, intéressant par les différentes nuances de pelage qu'il peut prendre, et de l'argenté de Champagne. Le terme d'argenté de Champagne serait apparu pour la première fois dans un écrit d'économie rurale au XVIIIe siècle.
La race prend réellement son essor dans la seconde partie du XIXe siècle. Son élevage se développe alors dans la région de Troyes. Les nombreuses tanneries installées dans cette région permettent aux éleveurs de valoriser les peaux aussi bien que la viande. Les peaux sont à cette époque particulièrement recherchées du fait de leur argenture, et font l'objet d'un marché lucratif. La race est d'ailleurs à l'époque très liée au marché de la fourrure. Ainsi, vers 1870, la chute des cours liée à des surproductions répétitives engendre une diminution du nombre d'éleveurs, avant une nouvelle ère florissante à partir de 1895 et au début du XXe siècle. La race est officiellement reconnue en France en 1900.
L'élevage a fortement décliné dans la seconde partie du XXe siècle, mis à mal par les méthodes de production intensives qui se sont largement développées. L'argenté de Champagne se montre en effet inadapté à ce type de production, ses pattes n'offrant pas une portance suffisante par rapport à son poids, ce qui l'expose à divers maux si on le fait vivre sur grillage. Toutefois, ses nombreuses qualités ont conduit à son utilisation dans certains schémas génétiques par des producteurs d'hybrides1. Aujourd'hui on compte environ 3 000 reproducteurs répartis dans 490 élevages. Ces chiffres en augmentation offrent de bons espoirs quant au maintien de la race.
Description
L'argenté de Champagne a un corps arqué, bien arrondi. Sa tête concave surmonte un cou presque imperceptible, et porte deux oreilles de longueur moyenne (12,5 à 15 cm) et formant un V. Seule la femelle porte un léger fanon, et les yeux sont bruns. Les pattes sont assez courtes et robustes. La couleur argentée caractéristique de ce lapin est due à la présence plus ou moins importante de poils ayant la pointe décolorée. Cette décoloration n'est pas visible pendant les premiers mois de vie, les lapereaux naissant tout noir, et apparaît progressivement à partir du 3e mois. Les poils de trois centimètres de long forment une fourrure dense et de bonne tenue, avec un sous-poil particulièrement épais. On veille généralement à ce que l'argenture soit répartie de manière homogène sur tout le corps. La base des poils est de couleur bleu ardoise uniforme.
L'argenté de Champagne est un lapin de taille moyenne, qui pèse généralement entre 4 et 5,5 kg à l'âge adulte.